Planet Hemp, du hip hop bien fumant
En légalisant sous contrôle l’usage, la possession et la culture de la marijuana, le gouvernement de l’Uruguay vient de prendre courageusement le contre pied d’une « guerre à la drogue » qui a plus que largement démontré son incapacité à résoudre les vrais problèmes. En écho, j’avais envie de vous faire entendre un des grand tubes du hip hop brésilien : Contexto, du groupe Planet Hemp.
Il est extraordinaire de voir comment des anciens dirigeants comme le mexicain Zedillo, Fernando Henrique Cardoso, le colombien Gaviria, le suisse Dreifuss, Kofi Annan, Louise Arbour ou Javier Solana, entre autres, sont tous d’accord pour avouer l’échec total de la prohibition, et demander l’arrêt de la pénalisation du cannabis pour investir ne serait-ce qu’un dixième des sommes énormes, depuis 50 ans dépensées en vain, dans la prévention, l’encadrement, le soin, l’aide aux paysans, etc. Oui, mais… tous ces bons apôtres ont préféré attendre d’être sortis du jeu politique pour se déclarer. Comme dit le président colombien Juan Manuel Santos : « le trafic de drogues finance la violence et les groupes armés dans notre pays. Mais je serais crucifié si je faisais le premier pas ». C’est pourquoi on peut souligner le courage de José Mujica, le président uruguayen, qui ose briser le tabou, sortir de l’hypocrisie et essayer une autre voie.
Bien avant lui, des musiciens avaient relevé le défi – ils passeront du reste du temps à l’ombre des riantes prisons brésiliennes pour apologie de la drogue. Il s’agit de Planet Hemp (« planète chanvre »), un groupe de hip hop brésilien formé dans les années 90 à Rio de Janeiro par Marcelo D2 et Skunk. Leur musique fait la fusion du rap, du rock, de la samba, du ragga… « Raprocknrollpsicodeliahardcoreragga », disaient-ils. Avec de vraies percus (et quelles !), des instruments, et deux remarquables showmen. Thème phare de leurs chansons : l’herbe, le splif, la beuh, la fumette, le bédo, le stromboli, bref : a maconha, comme on dit là-bas, où l’usage est officiellement interdit.
Après la disparition de Skunk, qui meurt du sida en 1994, Marcelo D2 continue à animer le groupe jusqu’en 2003, avec BNegão, Rafael Crespo (guitares) Formigão (basse) et Bacalhau (batterie). Au fil des ans le groupe verra passer Daniel Ganjaman, excellent guitariste, le rapeur Black Alien, pedro Garcia à la batterie, le DJ Zé Gonzales, etc.
En tout Planet Hemp enregistrera trois albums, Usario en 1995, Os Cães Ladram mas a Caravana não Para (les chiens aboient, la caravane passe) en 96, et A Invasão do Sagaz Homem Fumaça en 2000. En 2001, le groupe se sépare après un dernier enregistrement live pour MTV Brasil : MTV ao Vivo: Planet Hemp.
Mais Planet Hemp renait sans cesse de ses cendres : en 2010, il se retrouve à nouveau pour MTV Brasil, et on a pu les entendre au Circo Voador de Rio en 2012 et 2013. On espère qu’ils iront bientôt jouer à Montevideo, pour un public tout acquis à leur cause !
Ecoutez Contexto, live à Salvador de Bahia. Et faites tourner !
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Legalize Já, Legalize Já !
http://youtu.be/YHD9E2kI4l4 -
Je ne sais pas si l’Uruguay a raison mais le fait est que si on essaie rien on n’arrivera à rien de plus.
Le rap brésilien ne s’est pas arrêté avec Planet Hemp : je pense à Racionais MC’s, à Sabotage, Emicida, sans oublier Criolo ou Flavio Renegado dongt tu as déjà parlé, plus une multitude de paulistes de qualité très variable.
Merci en tous les cas de varier comme les genres sur ton blog. Amitiés, CH
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