Conseils pour choisir une guitare par le brésilien Jorge Bonfa
Jorge Bonfa est un jeune guitariste de tout premier ordre, qui s’attache à servir et à renouveler le chôro. De retour au Brésil après une tournée européenne où il s’est notamment produit à Paris, il répond à BossaNovaBrasil.
Jorge, quelle place tient la bossa nova dans ton parcours musical ?
Comme tous les musiciens brésiliens, j’ai baigné très tôt dans la samba, la bossa et le chôro. La bossa nova est une musique très importante pour l’éveil et la formation musicale, avec ses harmonies sophistiquées et sa batida différente. Elle véhicule aussi le charme d’une époque, de la vie de bohème…
Quelles sont tes références musicales principales ?
En matière de guitare, je citerai d’abord Laurindo de Almeida qui a ouvert la voie, avant même la bossa : richesse des harmonies et qualité du son. Et aussi Garoto, le représentant le plus important du chôro. Je pense également à Nelson Veras, formidable guitariste qui a vécu en France et s’est établi à Salvador : un véritable génie de la guitare moderne et un grand musicien.
Parlons un peu de tes guitares.
Je ne possède que deux guitares, un six cordes et une sept cordes. J’ai enregistré mon dernier disque sur ma 7 cordes, une australienne qui reste fermée, sombre, et ne me satisfait qu’à moitié. Mais lors de mon concert à Paris, je jouais sur ma guitare 6 cordes. Cette guitare a une histoire. Dans le jardin de la maison de mon grand-père, dans l’intérieur du Minas Gerais, il y avait un tronc de jacaranda, énorme, très vieux, sur lequel je m’amusais quand j’étais enfant. Le luthier mineiro Leandro Novais m’a proposé d’utiliser son bois (du palissandre de Rio, NDLR) qui était parfaitement sec, depuis le temps. Et il m’a construit ma guitare, voici quatre ans.
C’est une guitare très bavarde, à tel point qu’il me faut l’étouffer un peu pour jouer de la bossa.
Quelle guitare faut-il privilégier pour jouer de la bossa nova ?
Au Brésil, on n’a pas de bonnes guitares à la maison. Les guitares y sont souvent médiocres, sans sustain, avec peu de son. La bossa a commencé avec ces guitares sans prétention – on ne prêtait pas attention à l’instrument, mais au style. Les guitares de qualité, faites pour le classique, recherchent la projection et la clarté pour mettre en valeur le contrepoint. La guitare bossa, c’est d’abord une construction verticale, dans laquelle trop de sustain viendrait embrouiller l’harmonie et noyer la rythmique.
L’amplification a changé beaucoup de choses. Avant, la qualité c’était d’abord le volume, la projection. Mais une fois amplifiée, la guitare a d’abord besoin de timbre, d’équilibre, de jouabilité. Ce qui compte avant tout, c’est la main droite. Au delà de la guitare elle-même, c’est elle qui donne le timbre. Quand la guitare est faible, on joue avec plus de vigueur, voilà tout. Il faut un instrument équilibré, pas besoin d’une « grande » guitare. Chico Buarque joue aussi bien sur une Torres sublime que sur une Gianinni toute simple !
Pour terminer, as-tu une école à conseiller au Brésil pour apprendre la guitare brésilienne ?
Mon mouvement, c’est d’abord le chôro, une musique aux origines de la modernité qui est en train de trouver un nouveau souffle. Pour apprendre le chôro à Rio, je recommande une école de grande classe : l’Escola Portatil, de Mauricio Carrilho et Luciana Rabello. C’est Le lieu où apprendre et comprendre le langage et les racines du chôro, la tradition musicale brésilienne.
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