Mônica Salmaso et l’âme poétique brésilienne
La chanteuse Monica Salmaso était à Paris cette semaine, où elle a donné un superbe concert intitulé Alma Lírica Brasileira, à guichets fermés, dans le ravissant théâtre Aydmar. Je l’ai interviewée dans un hôtel de la rue des Ecoles. Entretien avec une artiste de toute première classe.
Née à São Paulo en 1971, Mônica Salmaso a enregistré en 1995 son premier album, « Afro-Sambas », constitué de reprises de Baden Powell et Vinicius de Moraes sous la direction de Paulo Bellinati. Par la suite elle va multiplier les participations dans des projets de grande qualité, parmi lesquels le CD Songbook Tom Jobim, l’album Estudando a bossa de Tom Zé, Samba meets boogie-woogie avec Mario Adnet et Zé Renato, le disque Duetos de la délicieuse Teresa Cristina, etc. Alma Lirica Brasileira est son cinquième album. Elle a remporté de nombreux prix et est encensée par des artistes comme Benjamin Taubkin, Lenny Andrade, Edu Lobo, Chico Buarque, Marcos Suzano…
Pendant que vous lirez l’interview, je vous conseille d’écouter cette très belle version de la chanson Trem das Onze, hymne officieux de la capitale pauliste :
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Mônica, t’étais tu déjà produite en France ?
Mônica Salmaso : C’est mon troisième concert en France, et le deuxième à Paris. La première fois, c’était en 2006, pour le festival Quartier d’été dans le cadre de l’année du Brésil en France. Une soirée de gala à l’Opéra Garnier, où j’ai chanté avant Seu Jorge et Elza Soares. L’Opéra était bondé, magnifique et impressionant, je m’en souviens comme d’une nuit magique qui m’a procuré énormément d’émotions.
Cette fois-ci c’est l’Ambassade du Brésil qui a organisé ma venue en Europe pour deux shows : mercredi (9 novembre) à Paris et un autre à Bruxelles (ce vendredi soir au Centre Culturel d’Etterbeek, NDLR)
Qu’elle est ta formation musicale ?
Mônica Salmaso : J’ai commencé à chanter toute petite, j’avais des facilités, une voix juste, mais aussi toute timide, toute fluette. L’année de transition qui au Brésil sépare la terminale et les études supérieures m’a décidé à abandonner mes velléités de journaliste. C’était une période psychologiquement difficile pour moi, j’ai commencé à prendre des cours de chant, et j’ai découvert que l’on pouvait en faire un métier ! J’ai commencé à chanter dans différents lieux de São Paulo, et rencontré des gens qui m’ont donné des pistes. Parmi eux Eduardo Gudin, un compositeur de samba , avec qui j’ai travaillé plusieurs années et qui m’a présenté à Paulo Bellinati, un guitariste, compositeur et arrangeur avec lequel j’ai enregistré mon premier disque « Afro Sambas ». Par la suite, je suis allé à l’université de musique de SP, où j’ai pris des cours de chant et de guitare (pas beaucoup de cours de guitare, ajoute t-elle en riant).
Quand as tu commencé à jouer des percussions ?
Mônica Salmaso : Je suis timide sur scène. Avec la voix, pas de problème, je fais passer ce que je veux. Mais je ne savais pas quoi faire de mes bras. Ce sont les quatre percussionnistes de l’Orchestra Popular de Câmara qui m’en ont appris les bases… et du coup j’avais de quoi m’occuper les mains pendant que je chantais !
Monica, pour beaucoup de gens la samba est faite de surdos, de repique, de sifflets… et de mulatas ! Ca n’est pas ton cas, c’est le moins que l’on puisse dire. Comment décris-tu ton style ? Samba savante ou art populaire ?
Mônica Salmaso : Je ne sais pas bien expliquer, à vrai dire. Je suis une Brésilienne qui vient d’une grande métropole, et j’utilise la musique pour approfondir ma connaissance de mon propre pays. Samba, choro, musiques de l’intérieur… il existe beaucoup de styles différents venus des quatre coins du pays. A São Paulo, on a du recul sur l’ensemble. Je ne fais pas de la samba de raiz, je ne chante pas le maracatu comme quelqu’un du Pernambouc. Je suis Pauliste, je m’approprie toutes les musiques de mon pays, à ma façon, et j’en fais profiter les autres.
Parlons de ton spectacle et du CD : Alma Lírica Brasileira. Comment a t-il pris corps ?
Mônica Salmaso : Le disque a été enregistré en 2011. Le projet est né avec Teco Cardoso et Nelson Ayres, qui font partie d’un quintette instrumental de SP, « Pau Brasil ». C’est avec ce quintette, qui comprend piano, sopros, contrebasse, guitare, batterie, que j’ai enregistré mon précédent album autour de chansons de Chico Buarque (Noites de gala, samba na rua, NDLR). Au cours de la tournée de promotion du disque, on nous a demandé s’il était possible d’adapter le spectacle pour une formation plus petite. Pendant les répétitions qui ont suivi, nous avons commencé à penser à d’autres morceaux. Les idées ne manquaient pas ! Il faut dire que nous nous connaissons très bien tous les trois, pour travailler ensemble depuis de très nombreuses années. Au bout du compte nous avons monté un nouveau spectacle, sans scénographie, complètement centré sur la musique.
Parle nous de Nelson Ayres et Teco Cardoso, les musiciens qui t’accompagnent
Mônica Salmaso : Nelson Ayres, le pianiste, est chef d’orchestre, à la tête de l’Orquestra Jazz Sinfônica do Estado de São Paulo (l’équivalent de notre orchestre national de jazz, NDLR), et membre du quintette Pau Brasil, qui existe depuis trente ans. C’est un grand musicien, avec une très belle carrière de compositeur et d’arrangeur, y compris pour le meilleur orchestre du Brésil, l’OSESP. J’ai travaillé pour la première fois avec lui dans un spectacle qu’il avait monté autour d’Edu Lobo et Chico Buarque. Il m’a invité pour chanter avec Edu Lobo.
Teco Cardoso joue de la flûte et du saxophone – toutes les flûtes et tous les sax imaginables ! – on collabore depuis mon deuxième disque (Trampolin). Nous avons travaillé ensemble de nombreuses années… et nous nous sommes mariés – nous avons un enfant qui a maintenant quatre ans !
Quel est le concept du show Alma Lirica Brasileira ?
Mônica Salmaso : Nous avons réuni des musiques qui parlent du Brésil, venues de régions et de styles différents, dont beaucoup sont très anciennes, et font partie de l’histoire de la musique brésilienne. Quand nous parlons de l’âme lyrique, nous parlons de l’âme poétique de la musique populaire, que l’on peut retrouver aussi bien dans Mélodie Sentimentale de Villa Lobos, que dans Derradeira Primavera de Jobim et Vinicius. Toutes les chansons sont nos références dans l’histoire de la musique brésilienne.
Le CD sera distribué en France ? Pouvons-nous trouver tes disques en Europe ?
Mônica Salmaso : En théorie, oui ! Mais en pratique c’est moins sur… Biscoito Fino est notre maison de disque, ce n’est pas une multinationale, mais elle a pris des options esthétiques et s’est spécialisée dans la musique populaire de qualité (formidable catalogue, NDLR). Ils ont une représentation à Lisbonne, en tous cas.
Après cette tournée, que va t-il se passer ?
Mônica Salmaso : Nous avons enregistré un DVD magnifique, dans le goût de celui de Bebo Valdes et Cigala (Blanco y Negro), en noir et blanc, que j’adore. Nous rêvions de faire le même ! Et c’est Walter Carvalho, un grand réalisateur brésilien, qui a dirigé le tournage, en noir et blanc lui-aussi. C’est magnifique, et nous avons hâte d’en faire la promotion.
Le prochain projet de disque est inspiré par les trente ans de collaboration entre le grand compositeur et guitariste Guinga et Paulo Cesar Pinheiro. Il y a beaucoup d’inédits, j’adore Guinga, et il y a de quoi faire de très belles choses.
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Merci à Mônica Salmaso. Vous pouvez retrouver cette interview sur Radio Clube Brasil.
Plus d’information sur les musiciens : http://www.grupopaubrasil.com/integrantes.php
Le groupe Pau Brasil : http://www.grupopaubrasil.com/
Le site officiel de Mônica Salmaso : http://www.monicasalmaso.mus.br/https://kamagra-enligne.com/kamagra-effervescent-sans-ordonnance-online/
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Merci pour cette interview d’une grande interprête qu’on ne voit pas souvent en France et que je n’ai pas pu voir hélas. Avez-vous fait une vidéo du concert SVP ?
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Un très beau concert Que j’ai adoré. Le théâtre est tes joli aussi la musique charmante. J’aime beaucoup votre site qui est bien profond avec des artistes de vrais, de l’analyse et des entrevues. Encore plus, s’il vous plaît !
Merci beaucoup. -
Amo! J’aime!
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