Marco André, de Belem à Rio
Le chanteur, compositeur et producteur Marco André s’est donné comme mission d’offrir une nouvelle modernité à des musiques traditionnelles du Nord du Brésil, la région dont il est originaire. Le Nord, ce n’est pas le Nordeste, mais bien ce qu’on appelle ici l’Amazonie brésilienne, dont Belem do Para constitue le grand débouché maritime. Je n’irai pas si loin pour le rencontrer : c’est à Tijuca, un vaste quartier de Rio, que je retrouve Marco, très exactement au Centrô de Referencia da Musica Carioca, qui dispose d’une excellente salle de concert. Interview exclusive.
Marco André a 47 ans, et joue de la guitare depuis qu’il en a sept. Son père médecin est aussi compositeur et a par exemple écrit de nombreuses sambas pour les défilés des carnavals du Para. C’est après des études techniques – il est ingénieur civil – que Marco quitte Belem pour s’installer à Rio. Passionné de MPB, il ne tarde pas à se consacrer exclusivement à la musique. Depuis dix ans il travaille à une fusion : l’electro-carimbo, qui associe des rythmes du Para au Drum n’Bass et à l’électro samba.
BNB : Quel est ton objectif musical ?
Marco André : « Je voulais faire quelque chose pour ma région. Que l’on parle de l’Amazonie. Au Brésil il y a des musiciens du nord au sud, mais à Belem do Para existe une scène contemporaine formidable, en plus de musiques traditionnelles bien vivantes : le carimbo en particulier, et aussi tous les rythmes venus des Caraïbes comme le merengué. Je fais de mon mieux pour les valoriser.
BNB : Quel est ce drôle d’instrument que l’on te voit jouer en concert et sur ton DVD ?
Marco André : « Au Para on joue volontiers un genre de petit banjo, généralement bricolé sur place. J’éprouvais des difficultés à le sonoriser correctement, surtout en concert. Alors j’ai inventé cet instrument, que j’ai appelé un « guitanjo », qui me permet de m’amplifier sans les galères de micro, et de pouvoir utiliser des pédales. Un luthier du Para me l’a construit, et c’est un instrument sensationnel. »
BNB : En dehors des musiques du Nord, quelles sont tes principales influences ?
Marco André : « Je joue tout ce qui me touche. Le français Michel Legrand a un peu été mon professeur de chant, j’ai adoré le disque qu’il a fait avec Pepe Castro Neves. J’aime aussi Lokua Kanza, un musicien africain qui vit à Paris, Manu Chao et la Mano Negra… »
BNB : Un mot sur tes projets ?
Marco André : « A très court terme, je suis en train de monter un bloco paraense pour défiler sur les tambours du carimbo dans les rues de Rio au prochain carnaval : il s’appelle « Cabloco Muderno » – un jeu de mots avec le caboclo – le nom des habitants des fleuves du Nord. Je donne une série de concerts au Brésil, notamment à Rio avec le Trio Manari. Je cherche aussi un nouveau producteur ! »
Cette recherche de la fusion musicale est typique du Brésil, le pays de tous les métissages. Je vous propose d’écouter un extrait du concert donné le lendemain de cette interview : Beat Iú, la chanson titre de l’album et du DVD sortis en 2009.
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