La chanson des émigrants du Nordeste
Considérée comme l’hymne régional du Nordeste, la chanson Asa Branca raconte l’histoire du départ d’un paysan ruiné par la sécheresse. Ecrite par Luis Gonzaga et Humberto Teixeira, elle a été reprise par des artistes aussi variés que Caetano Veloso, Elis Regina, Gilberto Gil, Hermeto Pascoal, Tom Zé, Badi Assad, Lulu Santos…
La sécheresse était loin d’être la seule coupable de l’exode des dizaines de millions de nordestins forcés d’aller s’entasser dans les immenses favelas des villes du sud, et qui vendaient leurs maigres possessions pour payer un interminable voyage. La vraie raison, structurelle, en était la confiscation des moyens de production – autrement dit des terres arables – par des grandes familles de propriétaires latifundiaires soutenus par une classe politique aux ordres. On ne creusait pas de puits au Nordeste, mais au moment des élections les « bons » candidats faisaient circuler des citernes qui allaient apporter de l’eau aux paysans en échange de leurs votes… Aujourd’hui, ce mouvement migratoire là s’est beaucoup réduit. Beaucoup d’autres continuent, loin du Brésil, pour des raisons bien similaires.
Les paroles sont assez déchirantes : « Même la colombe a du fuir le sertão, alors je dois te dire adieu Rosinha, garde mon cœur avec toi… » mais prennent pour finir les couleurs de l’espoir : « ne pleure pas, quand le vert de tes yeux resplendira sur la plantation, je te l’assure, je reviendrai.»
C’est un trio forro traditionnel qui accompagne ici le chanteur Fagner, dont la star du sertão Dominguinhos à l’accordéon (sanfona), une zabumba (le grand tambour plat) et un triangle.
Je dédie cette chanson à tous ceux qui quittent leur pays dans l’espoir d’une vie meilleure !
Exprimez vous !