Vinicius au cœur de Rio
Marcos Sacramento est bien connu du public français – je parle évidemment de toi, lecteur chéri ou mutine lectrice. Je suis allé l’écouter mardi au Teatro Rival de Rio, où il offrait, en duo avec le guitariste Zé Paulo Becker, un hommage à Vinicius de Moraes aussi talentueux qu’espéré.
Disparu en 1980, le poète Vinicius de Moraes fait toujours recette à Rio. Pas un musicien qui ne reprenne une de ses œuvres au cours d’un concert, pas un carioca de plus de trente ans qui ne connaisse les paroles d’une douzaine (au moins !) de ses chansons. Dans le métro hier, à la station Catete, j’eus même la surprise de retrouver Vinicius sous forme de tatouage sur le mollet d’une voyageuse ! Interrogée, elle me répondit en toute simplicité : « Vinicius, c’est le plus grand poète du Brésil, et j’ai voulu lui rendre hommage ». Et elle n’était pas peu fière.
Sans aller jusqu’à de telles extrémités, je ne voulais pas manquer le concert de Marcos et Zépa. D’abord parce qu’ils ont des personnalités a priori très opposées, l’un aussi gentiment cabotin que l’autre est intériorisé. Aussi parce qu’il s’agit d’une alliance finalement assez rare : voix et guitare (voz e violão) sont généralement le fait d’un seul artiste. Ayant adoré le concert de Marcos Sacramento en compagnie du pianiste Stefano Bollani à Paris l’année dernière, j’avais hâte de découvrir ce nouvel assemblage.
Todo Mundo Quer Amar, du nom de l’album dont les deux amis font ainsi la promotion, est d’abord fait de compositions originales que Paulo César Pinheiro a écrit avec Zé Paulo Becker. Il s’agit bien de sambas, parmi lesquelles on a pu entendre Pé na Africa, et Cantaloupe de Herbie Hancock. Mais l’essentiel du show tenait dans quelques-unes des plus belles chansons de Vinicius, des afro sambas en particulier.
Avec sur la scène un guitariste comme Zépa, on pouvait s’attendre à un Berimbau bien intéressant. On regrettera peut-être le tempo très accéléré, qui ne lui permet pas d’atteindre son meilleur niveau. Je vous propose en tous cas de l’écouter jusqu’au bout, pour profiter de la puissance d’évocation des six cordes en nylon, et de la magie de cette salle, le Teatro Rival, qui a vu passer tout ce que le Brésil compte de génies musicaux.
Exprimez vous !