Introduction à la musique sertaneja
Comme je l’ai mentionné à plusieurs reprises, la musique brésilienne ne se limite pas seulement aux sambas de carnaval, aux bossas douces ou aux forros dansants. Au Brésil, on trouve également des groupes de rock notables, des artistes de jazz, des genres comme le hip-hop et le rap, ainsi qu’une grande variété de musique sertaneja, souvent appelée « sertanejo ». Aujourd’hui, nous allons découvrir un morceau emblématique de ce style : Saudade da minha terra.
Sertaneja ou caipira ?
La question de différencier la musique sertaneja de la caipira revient sans cesse chaque fois que je partage une chanson du monde rural sur ce blog, et je reçois souvent des critiques à ce sujet. Pour la majorité des Brésiliens, sertaneja ou caipira, c’est la même chose. Cependant, pour les puristes, il est essentiel de ne pas confondre les deux. En général, cela n’intéresse pas beaucoup nos amis français.
Un classique revisité à travers le temps
Pour pallier cette mécompréhension, je vous invite à écouter la même chanson à travers différentes époques. Saudade da minha terra, qui signifie « ma terre me manque », a été écrite par le compositeur goianais Goiá et a été enregistrée pour la première fois en 1966 par le duo Belmonte e Amaraí.
Des racines anciennes à des thématiques modernes
Il existe des chansons caipiras qui datent de bien plus longtemps, telles que Cabocla Tereza (1936) et Mula Preta (1945), toutes deux interprétées par Raul Torres e Florêncio. Ces pièces évoquent souvent la vie difficile des populations rurales, tandis que Saudade da minha terra introduit un nouveau chapitre dans ce genre musical, abordant des thèmes liés à l’exode rural et à ceux qui ont quitté leur terre en quête de meilleures opportunités (et bien souvent de la misère) dans les grandes villes du Sud-Est du pays.
Évolutions dans le style
Avec la version originale de 1966 par Belmonte et Amaraí, nous restons ancrés dans la tradition caipira, bien que la thématique soit en évolution. Une version très populaire de 1980 a été réalisée par Milionario e José Rico :
Écoutez ici cette version.
Ensuite, elle a été reprise par Chitãozinho & Xororo, intégrant des sonorités country western grâce au dobro. On s’éloigne de la tradition, et on entre dans une interprétation plus moderne, signifiant un véritable passage au sertanejo, surtout pour ceux qui, en d’autres temps, n’avaient peut-être pas l’habitude de garder des troupeaux.
Pour finir, un exemple au goût discutable : la version de Michel Telô, qui séduira certains par ses notes de « sertanejo universitario ». Pour l’authenticité, il faudra repenser à la définition, et en ce qui concerne le talent, à chacun d’en juger.