Samba en portuñol
Le portuñol, vous connaissez ? Il s’agit de ce que les spécialistes appellent une « interlangue », une sorte de sabir véhiculaire qui déplait autant aux amoureux de Luis de Camões qu’aux adorateurs de Garcia Llorca. Ce mélange de portugais et de castillan évite soigneusement les particularismes des vocabulaires locaux pour se concentrer sur les racines latines communes – sans trop prendre garde aux grammaires d’origine.
Au fil des années, et en fonction de la situation économique comparée des deux pays, et aussi du cours des monnaies, j’ai vu le Brésil accueillir des millions d’argentins en goguette ou l’Argentine ouvrir ses portes à des hordes de brésiliens curieux. Les uns viennent pour profiter des plages et du sens de la fête, les autres pour goûter à une atmosphère européenne un peu surannée. Mais tous communiquent en « portunhol » – cette fois orthographié à la brésilienne.
Dans un album de 1980 dont je dois la découverte à Augusto de Toque Musical (*), Martinho da Vila, le roi de la samba pagode, décida un jour d’enregistrer à destination de ses fans latino-américains. Le disque associe quelques-uns de ses tubes à des chansons de Juan Manuel Serrat ou Violeta Parra. Le tout en portunhol, bien sûr. Les arrangements ont suivi le même chemin, avec des chœurs que l’on croirait sortis des gosiers de Los Quilapayún (*) et par moment des charangos qui tiennent le rôle des cavaquinhos.
On y trouve cette version de Disritmia qui sera notre insolite du jour !
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PS : Beaucoup plus tard, Carlinhos Brown tentera une expérience comparable avec Carlitos Marron.
(*) Le blog brésilien Toque Musical vient de fêter ses quatre ans. Vous y trouverez des centaines de disques rares à télécharger en suivant les liens présents dans les commentaires.
(**) oui, je sais, ils sont chiliens, et alors ?
Exprimez vous !