Rencontre avec Aline Calixto

Entretien avec Aline Calixto

Aline Calixto émerge comme une voix prometteuse de la samba au Brésil. Je la rencontre dans un charmant petit restaurant à Santa Teresa, offrant une vue imprenable sur la ville. Elle vient tout juste de sortir de la plage. Nous discutons de ses débuts impressionnants dans la musique, de son nouvel album et de ses projets artistiques. Elle me fait également découvrir un morceau délicieux en portufrançais intitulé : « Je suis la Marie ».

Les jeunes talents de la samba au Brésil

Au Brésil, les artistes établis ont tendance à encadrer de nouveaux talents. C’est vanté pour les deux parties, surtout pour ceux qui ne sont pas issus de grandes familles de la musique brésilienne. Les jeunes profitent du réseau de leurs mentors, ce qui leur ouvre des portes vers les médias, les concerts et les sponsors. Les artistes plus âgés, quant à eux, parviennent à séduire un public plus jeune en collaborant avec eux et en se produisant lors de concerts ensemble. Parmi les parrains les plus respectés de Rio, on compte Beth Carvalho, Caetano Veloso et Martinho da Vila. La concurrence est féroce pour atteindre le sommet dans un pays riche en talents féminins dans la musique.

Le soutien de Martinho da Vila

Aline Calixto jouit du soutien de l’illustre Martinho da Vila. À travers sa forte personnalité et sa conscience aiguë de son talent, on comprend qu’elle a une vision claire de sa carrière et qu’elle dispose des moyens pour y parvenir. Ses deux albums sont de haute qualité, et à seulement 31 ans, Aline s’est imposée comme une professionnelle accomplie.

Retour sur son parcours musical

BossaNovaBrasil : Parle-nous de tes débuts dans la musique…

Aline Calixto : J’ai chanté depuis mon enfance. Mon père possédait un bar où l’on se produisait en live – samba, choro, boléros – à Belo Horizonte, où nous avions déménagé après ma naissance. Je me destinais à devenir professeur de géographie, mais je chantais déjà fréquemment avec mes amis passionnés de samba à l’Universidade Federal de Viçosa.

Le Minas Gerais a vu naître de grands sambistes, dont Clara Nunes, João Bosco et Lúcio Alves… Cependant, il y a dix ans, la samba n’était pas très prisée à Belo Horizonte. Chaque jeudi, nous organisions une roda au Bar do Leão, où notre audience a progressivement grandi jusqu’à attirer près de 1000 personnes.

Le choix de la musique

BNB : C’est alors que tu décides de tourner le dos à la géographie pour te consacrer à la musique ?

Aline Calixto : Oui, j’ai pris la décision de m’y dévouer entièrement. Lors de mon retour à Belo Horizonte, j’ai organisé un premier spectacle où je partageais l’affiche avec des artistes plus connus tels que Monarco, Nelson Sargento et Luiz Carlos da Vila. En 2007, ma carrière musicale a pris un tournant lorsque j’ai remporté un concours de nouveaux talents de la samba organisé par la Carioca da Gêma à Lapa. Le prix consistait en un engagement au club pendant deux mois, durant lesquels j’ai été repérée par des producteurs de musique, ce qui m’a finalement conduite à signer avec Warner. En 2011, j’ai eu l’honneur d’effectuer ma première tournée internationale en Australie.

Inspirations artistiques

Aline Calixto : Mes exemples incluent Beth Carvalho, Martinho da Vila et Arlindo Cruz, qui sont aussi de véritables amis. Je suis particulièrement attirée par des chanteuses ayant une forte présence sur scène, comme Elizete Cardoso, Elis Regina et Clara Nunes. Maria Bethania, quant à elle, est pour moi la plus grande chanteuse brésilienne vivante !

À propos du nouvel album, Flor Morena

BNB : Dis-nous en plus sur ton nouvel album, Flor Morena.

Aline Calixto : Avec Flor Morena, j’aspire à créer un dialogue entre le chant et les mélodies. Bien que cet album soit principalement de la samba, il intègre davantage d’influences par rapport à mon précédent projet. Par exemple, « Conversa Fiada » mélange samba et salsa, tandis que « Beija Forte », de Rodrigo Maranhão et Mauro Rezaon, combine samba de enredo et tambours de Minas. J’y ai également inclus deux de mes propres compositions.

Le premier morceau de l’album raconte mon parcours et a été écrit par Martinho da Vila, avec qui je suis très proche. J’ai aussi collaboré avec des artistes tels que Ze Pagodinho, Arlindo Cruz, Nei Lopes et Moacyr Luz. Le titre de l’album a été utilisé comme thème d’une novela, ce qui m’a permis d’atteindre un large public. Bien que cela ait ses avantages, il n’y a aucune garantie de succès !

Projets futurs

BossaNovaBrasil : Quels sont tes projets à venir ?

Aline Calixto : Actuellement, je suis fière de figurer en tête des ventes de samba sur iTunes au Brésil. Je prévois de tourner mon premier clip avec le rappeur Flavio Renegado, qui partage mes origines. En outre, je prépare une tournée promotionnelle pour mon album Flor Morena, qui me mènera aux quatre coins du Brésil et même en Espagne.

Musique à découvrir

Pour accompagner cet article, j’aimerais vous présenter « Je suis la Marie », un morceau charmant créé dans les années 40 par Dora Lopez, Jorge Rangel et un certain Jean-Pierre. Cette chanson parle d’une brésilienne amoureuse d’un français, qui, par snobisme, décide de ne plus s’exprimer qu’en français fantaisiste ! Abat-jour, soutien-gorge, petits gâteaux, baguette… « A Maria » devient ainsi « la Marie ».