Quelle guitare pour jouer de la bossa ? (deuxième partie)
S’il s’agit de s’accompagner en chantant, pour soi-même ou pour un petit groupe d’amis, une guitare nylon de type classique fait parfaitement l’affaire. Au début des années 60, les pères de la bossa-nova aimaient bien les Di Giorgio, des guitares fabriquées au Brésil, reconnaissables à leur tête sculptée. La première que j’ai tenue entre les mains avait été rapportée de Rio et ses éclisses n’avaient pas tardé à se fendre, différence d’hygrométrie oblige…
João Gilberto, quand il faisait la tournée des appartements de Copacabana pour faire écouter son style et sa batida, était connu pour sa question mythique : « il n’y aurait pas une guitare ici ? » – autant dire qi’il n’y prétait pas une attention jalouse. Avec le temps, les goûts se sont raffinés, et tout le monde s »est mis à jouer avec une guitare en palissandre de Rio, cèdre (pour la table) et ébène (pour la touche). Le luthier brésilien des stars depuis les années 80 est probablement Suguyama (João Bosco en a trois…). O Mito joue toujours sur la Di Giorgio toute spécialement faite pour lui, mais elle n’a pas grand chose à voir avec les modèles construits à partir de 1971, dont je ne suis pas du tout fan. J’aime autant ne pas parler des Giannini, autre marque brésilienne.
Le palissandre de Rio aujourd’hui interdit à la vente, seuls en subsistent de vieux stocks, ce qui est excellent pour le son (le bois peut avoir 40 ou 50 ans, c’est vous dire s’il est sec !) et désastreux pour le portefeuille. Je suis quant à moi fidèle depuis huit ans à une M50 construite par Paulino Bernabé père et fils, luthiers à Madrid, en cèdre et palissandre bolivien (appelé aussi morado, palissandre de Santos, palissandre de Bahia, caviuna et j’en passe).
Il faut chercher un son chaud, bien équilibré pour que la pompe traditionnelle des basses ne mange pas les medium, avec suffisamment de projection dans l’aigü pour pouvoir produire des effets type « cavaquinho » une fois de temps en temps, mais sans excès. Et bien sûr, il faut qu’elle soit absolument juste sur toute la touche ! Vous pouvez trouver une bonne guitare en palissandre indien et cèdre massif à partir de 1000 € neuve, prenez tout votre temps pour la choisir.
Les guitaristes « intimistes » préfèreront toujours utiliser une guitare sèche, un micro bien adapté, sur un pied bien lourd de préférence, et un ampli acoustique type Roland ou AER. Dès qu’il faut sortir du son, jouer debout, ou avec d’autres musiciens, on passe à un autre genre… la suite au prochain billet.
Un très intéressant site en anglais sur les bois utilisés en lutherie (et ailleurs) : clic
A noter sur le site de Di Giorgio, une belle collection de paroles et d’accords pour guitare, toutes musiques brésiliennes confondues : c’est là.
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Bonjour ,pour quels raisons ne voulez vous pas parler des giannini ? merci bien!!
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Bonjour,
Je joue pour l’instant sur une Yamaha entree de la gamme des tables massives. Quand je dis je joue, j’apprend a jouer, grace notamment aux excellentes video dispensées sur le site bresilien cifraclub (http://www.cifraclub.com.br/).
Un de mes amis se rend au Bresil. Serais-je décu si je lui demande de me ramener une Di Giorgio Tarrega voire Master ? La Master qui est entierement en massif risque-t-elle de souffrir de la difference d’hygrometrie ?
Merci par avance pour vos avis et bravo pour cette série d’articles des plus interessantes.
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Bonjour João,
Merci pour ton soutien.
Les avis sont très mitigés dans les forums brésiliens concernant ces deux modèles de DG. mais ma question c’est : pourquoi vouloir acheter une guitare sans pouvoir l’essayer ? Pour le plaisir de jouer de la bossa sur une guitare brésilienne ? Pour sa bouche ovale (je parle de la Tarrega) ? Parce que João Gilberto en a une (la sienne n’a aucun rapport avec le modèle du commerce, elle a été faite spécialement pour lui) ?
Tu as déjà une guitare (une CG 122 peut-être ?) alors tu saurais entendre les différences avec une nouvelle guitare et choisir en connaissance de cause. Mon conseil, c’est de ne pas confier à quelqu’un d’autre le choix, et de commencer par aller dans un bon magasin de classiques dans ta ville ou faire la tournée des magasins de la rue de Rome quand tu passeras à Paris !
PS: les différences hygrométriques sont une vérité. J’ai bien connu une DG dans les années 70 dont les éclisses s’étaient fendues dans les deux ans de son arrivée en France. Baden Powell avait une guitare à Paris (une Hopf d’après un connaisseur) et d’autres au Brésil pour éviter ces pbs.
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Merci pour ces indications. Tu as certainement raison. Disons que l’attrait pour la Tarrega vient a peu pres de l’ensemble des raisons evoquees dans ta reponse. Maintenant, mieux vaut peut-être une guitare espagnole cedre/palissandre…dont le son me seduira qu’une Tarrega non essayée et dont on ne sait comment elle vieillira…
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J’ai une Tarrega de 2001 , ramenée personnellement de Sao Paulo. Elle est parfaitement conservée , toujours d’une sonorité chaude et un bon sustain . J’ ai aussi une Amazonia n°30 de 1976. Egalement une agréable , chaude et douce guitare .Le bois n’ a pas bougé. Seul le vernis semble s’être un peu altéré en deux ou trois endroits.
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Salut tout le monde ! Je sais que cette publication est un peu vieille, mais là, j’ai vraiment besoin d’aide ! Je dois aller à SP cet été, et, je ne veux pas amener de guitare là-bas, car une classique massive, comme vous le savez, ça ne pardonne pas (j’y vais pour un mois). Combien coûte une bonne guitare classique sur place ? (assez bonne pour faire office de seule guitare pendant un mois, tout en sachant que je vais passer mon temps dessus vu que je serais hébergé chez des amis musiciens, mais pas non plus trop précieuse car elle souffrira forcement de mon retour à Paris) Quelles sont les bonnes marques ? Autre chose, je pars en Janvier 2013 étudier la guitare à Rio (graduaçao de guitarra electrica no Conservatorio Brasileiro de Musica)… Il me faut donc une guitare qui tienne la route ! Pour l’instant, je pense m’acheter un Godin ACS slim en France, qui j’emmènerais au Brésil (Un luthier m’a expliqué comment faire pour gérer les mouvements du manche) mais il m’a dit que les guitares brésiliennes étaient des bijoux de lutherie, et que je ferais aussi bien de m’en acheter une sur place… Je crois que je vais prendre la godin pour les études (c’est un cursus électrique à la base) et une guitare classique normale sur place. Quelle marque, ou quel luthier choisir ? Quel coût approximatif ? Savez-vous s’il y a des marques brésiliennes qui font des guitares nylon avec des corps de solidbody ? Merci, et désolé pour la longueur du message !
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