Marcio Faraco : "la composition, une surprise à partager"
Parisien depuis bientôt vingt ans, Marcio Faraco est un favori du public français. Son nouvel album « O Tempo », vient d’arriver dans les bacs et lui-même sera en concert à l’Européen le 7 avril prochain. Je l’ai rencontré chez lui. Il parle d’inspiration, de guitare et de son dernier disque, riche de ballades et de chansons romantiques servies par sa voix sobre et veloutée. En écoute : sa chanson Constantina.
Un immeuble haussmannien du 17ème arrondissement. Un double séjour rempli de guitares. Un cavaquinho accroché au mur. Pas de doute, je suis chez Marcio Faraco.
BossaNovaBrasil : Brésilien de Paris ou Parisien de Rio ?
Marcio Faraco : Ces deux dernières années, j’ai pris l’habitude de résider un mois sur deux à Barra da Tijuca. Ce n’est pas par saudade, mais comme disait Fernando Pessoa, « ma patrie c’est ma langue », et je ressens le besoin d’entendre parler portugais. L’autre jour dans une boulangerie de là-bas, j’ai réentendu l’expression « fâché comme un crabe dans une boîte de conserves » (como siri na lata), et j’en ai tout de suite fait une chanson. Je suis bien ici, au calme, mais j’ai besoin de voir de la couleur. Je cueille à Rio, j’organise à Paris.
BNB : Auteur compositeur interprète, tu écris aussi pour d’autres (par exemple Guia pour Antonio Zambugo). Qu’est-ce que la création pour toi ?
MF : Je suis accro à la surprise. La composition c’est une surprise à partager. La musique sort de la guitare. Et aussi de mes rêves… sauf qu’au réveil, la merveilleuse mélodie s’est toujours envolée !
Ma grand-mère était professeur de piano, elle aurait bien voulu m’y mettre, mais j’ai toujours préféré la guitare. Mon père, qui a 78 ans, joue encore de la 7 cordes dans un groupe de chôro. J’ai beaucoup d’admiration pour les guitaristes 7 cordes – c’est un instrument intelligent, qui demande d’avoir toujours un coup d’avance sur tout le monde, pour trouver naturellement les enchaînements de basse.
BNB : Quelle est l’histoire de ce sixième album, « O Tempo » ?
MF : C’est en réalité mon 7ème disque. Le premier, chez FBI records, avait été distribué « maison ». Ensuite j’ai fait trois albums chez Universal , et maintenant trois pour Harmonia Mundi.
Je voulais faire un disque qui parle de ma vie, de l’amour. Un peu comme du cinéma d’auteur. Ca peut sembler paradoxal, mais intérioriser, ça ouvre vers les autres. Ce que je vis, ce que je chante, est partagé par beaucoup de gens. Ce n’est donc pas de l’égocentrisme, mais des sentiments universels sous un jour particulier.
Musicalement, cet album tourne le dos à la mer. C’est le Brésil de l’intérieur qui s’y exprime : « devant, la mer, derrière, le Brésil ». C’est un album qui vient de la terre, du folk brésilien, un disque paysan – mais ce n’est pas de la musique sertaneja pour autant ! (rires)
Il comporte onze chansons alors que j’en avais écrit 26. Parmi celles que j’ai conservées il y a « Constantina ». Je l’ai écrite pour ma nounou qui vient de mourir à 98 ans. Cette femme n’est jamais sortie de son quartier, n’a jamais vu la mer. Elle n’a pas cherché plus loin. Je lui ai dédié cette chanson, dans laquelle je regarde la mer pour elle.
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BNB : Qui a participé à l’album ?
MF : J’y joue toutes les guitares, et je suis juste accompagné par mon vieux camarade le percussionniste Julio Gonçalves. En plus de la six cordes, je joue de la viola caïpira, de la craviola, et de la guitare ténor. Et cette fois, j’ai enregistré à Niteroi (en pleine guerre du trafic), avec l’ingénieur du son de Neil Young. Le mixage s’est fait à Paris.
BNB : Tu vas rester à Paris ?
MF : Depuis la « Loi du silence », beaucoup de scènes ont fermé. Paris, c’est aujourd’hui une Genève pauvre. Comme on ne vend plus de disques, tout le monde veut faire des concerts, mais il n’y a pas assez de lieux, alors il faut organiser 6 mois à l’avance… ça devient lourd.
O Tempo, le 7ème disque de Marcio Faraco, sort ces jours-ci chez Harmonia Mundi (Le Chant du Monde). Le 7 avril prochain, Marcio Faraco sera à l’Européen (Paris) en compagnie de Hatyla au cavaquinho, Hervé Morissot à la guitare, Julio Gonçalves et le cubain Inor aux perçus. En première partie, Fabiana Cozza (afro samba de São Paulo).
Retrouvez Marcio Faraco sur son site web.
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En effet ça a des faux airs de Neil Young je trouve – je pense surtout au disque Harvest. Très réussi.
Comment classer ce style ? « MPB » ?
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