Jouer de la bossa, oui, mais comment trouver les bonnes partitions ? Au hasard des magazines de guitare, j’ai collecté de nombreuses partitions des classiques de la bossa. Le plus souvent, il s’agit d’approximations. Beaucoup de musisiens se réfèrent quant à eux aux versions présentes dans les différents RealBooks – le moyen le plus sur de jouer de la bossa de supermarché, écrite en 4/4 et « jazzifiée » par la présence de II-V-I trop basiques pour être honnêtes.

Il faut dire que les musiciens brésiliens travaillent le plus souvent « à la feuille », et qu’il n’y a pas grand monde là-bas pour acheter des partitions. On se contentait de grilles à la mano transmises sur des morceaux de nappe en papier, et au bout d’un moment on ne savait plus très bien qui croire ni quoi jouer.

Alors bien sur, chacun est libre d’adapter les morceaux à sa façon, cependant il vaut mieux bâtir sur du solide ! C’est ce qu’a pensé un musicien « sérieux », un prof qui enseigna la guitare à pas mal d’artistes (dont la regrettée Nara Leaõ, entre autres). Dans les années 90 il a décidé d’écrire une fois pour toutes la plupart des bossas en remontant à la source et travaillant directement avec leurs auteurs. Sa maison de disques Lumiar se mit à produire des song books jamais égalés depuis. On y trouve la partition des thèmes, les paroles, les accords précis et même une position raisonnée de ces accords, de sorte que l’on peut rapidement jouer la version de base de toutes les bossas.

Le Brésil est un pays magique, mais c’est aussi hélas un pays violent, et Almir a fini assassiné en 2003 par l’un de ses propres employés… J’ai trouvé quelques uns des songbooks rue de Rome à la Flûte de Pan, d’autres à Lisbonne, et l’essentiel à Rio : Toca de Vinicius (Ipanema), Bossa Nova & Companhia (Copacabana), et chez Lumiar (Tijuca). Pour aller chez Lumiar comptez deux heures en bus depuis la zone sud… faut être motivé !

A écouter aujourd’hui : O Barquinho, de Roberto Menescal et Ronaldo Boscoli, par Nara Leao