Help! Sexe, bossa et Copacabana
Si vous buvez un verre à la terrasse d’un des innombrables cafés qui bordent l’Avenida Atlantica et que vous discutez avec votre voisin, par exemple un américain mâle, seul et quinquagénaire, il y a de bonnes chances qu’au deuxième verre il se mette à vous parler de la disparition du Help. Avec des sanglots dans la voix. Pour une large majorité des cariocas, la réaction serait plutôt : bon débarras.
La transformation de la « plus grande discothèque de l’Amérique du Sud » en « Musée de l’Image et du Son » a laissé inconsolables des milliers de gringos. Parce que ce hangar jaune, situé au beau milieu de la plage la plus célèbre du monde, était d’abord la plus grande puteria – boîte à filles – de Rio. Pas une carioca « honnête » n’aurait accepté d’y mettre les pieds, et la réputation sulfureuse de l’endroit n’aidait pas le quartier à retrouver son lustre.
Croyez-moi si vous voulez, je ne suis jamais allé au Help. Il ne s’agit pas de morale – après tout, la prostitution est ici légale et les filles qui y travaillaient étaient majeures, établies à leur compte, avec comme seul proxénète un enfant arrivé trop tôt faute de contraception (*). Mais la perspective d’être entouré de braillards imprégnés se donnant l’illusion d’être séduisants au milieu de centaines de garotas de programa ne m’attirait pas plus que ça.
Le projet « MIS » a coûté à l’état de Rio quelques 4 ,5 millions d’euros pour exproprier le propriétaire des lieux, auxquels viennent s’ajouter les 25 millions de la construction d’un bâtiment au design façon musée Guggenheim. La capitale carioca veut revêtir les habits de fête de la 6ème puissance économique mondiale, et les prix du foncier ont littéralement explosé. Les habitants du quartier sont contents. Et l’avis des cariocas en général est qu’il s’agit davantage d’une dépense somptuaire, propre à générer de discrètes propines, que de l’avènement d’un nouvel ordre moral.
Mais qu’est-ce qui justifie cette histoire sur ce blog, amie lectrice ? Juste que je suis tombé le même jour sur une reprise de Help ! des Beatles en bossa nova par Celso Fonseca dans son mini-album « Leblon Sessions » de 2007… et d’une photo de la maquette du futur MIS. Ecoutons le divin Celso.
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(*) voir l’étude des anthropologues Ana Paula da Silva et Thaddeus Blanchette : Nossa Senhora da Help: sexo, turismo e deslocamento transnacional em Copacabana
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Merci pour la découverte de votre site…Très belle référence en la matière….Envie de séjourner au Brésil !
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