BossaCucaNova à Arpoador
Concert de BossaCucaNova au Studio RJ, Arpoador, 22:30. Le soirée commence mal quand l’esclave de service m’annonce d’un ton mi-folle, mi-raisin, qu’il me faut impérativement un document d’identité pour entrer dans la boîte où Alex Morreira et sa bande se produisent ce samedi.
– Un document d’identité ? Vous êtes sûr ? Je suis sur la liste presse…
– Absolument. Le patron est intraitable. C’est une nouvelle loi. Il le faut.
Je sais que mon pays n’est pas le seul à multiplier les réglementations sensées nous protéger de tout et qui nous mettent de si belle humeur. Mais ici, à Rio, je n’arrive pas y croire. La veille encore, j’entrais au Circo Voador au milieu de deux mille autres spectateurs sans que l’on me demande rien d’autre que le kilo de riz qui permet d’obtenir un demi-tarif.
– Il y a sûrement un moyen ? Je peux voir le patron ?
Le patron est une patronne. Sûre de son fait, investie d’un pouvoir divin, décidée à montrer que le Brésil est entré dans le « Premier Monde », celui où décidément, il faut présenter ses papiers pour assister à un concert. J’avais vu Alex quelques jours plus tôt et lui avais promis d’être là. Me voilà forcé de retourner à mon hôtel (à Flamengo !) et d’en revenir muni de mon passeport. On me laisse enfin entrer, non sans avoir inscrit dans un ordinateur les détails qui ne serviront à rien ni personne. Douce illusion de civilisation, dure réalité de la bêtise.
23:15. J’entre. Le concert vient de commencer. Il n’y a pratiquement personne, en dehors des musiciens et d’un service d’ordre pléthorique et patibulaire. De toute évidence, malgré l’article paru dans le supplément Veja Rio, malgré son talent et malgré son succès international, BossaCucaNova n’attire pas les foules brésiliennes.
Que dire du concert ? Des covers, encore des covers, évidemment, avec le son caractéristique du groupe, venu au complet et dans sa configuration habituelle. Des samples sympas. D’excellents solos de saxophone. Un guitariste un peu en retrait. Cris Delanno en meneuse de revue, Alex Moreira en maître de maison. La mise en place n’est pas très précise, mais l’énergie est là.
Je vous propose d’écouter une version plus ou moins inattendue de ‘No woman no cry’, le morceau fétiche des bars de plage.
Vers minuit, la salle commence enfin à se remplir. C’est qu’après le concert, le Studio RJ redevient ce qu’il est vraiment : une discothèque pour bourgeois de la Zona Sul, 100% blanche, avec une belle vue sur Ipanema.
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Un passeport pour assister à un concert à Rio ! la patronne de la boite est-elle tombée sur la tête ?
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Ah, meu Brasil brasileiro!!!!!!!
Commentaires