Interview d’Arlindo Cruz à Paris
Arlindo Cruz, c’est un peu le Pape de la samba de Rio de Janeiro. Il en impose autant par son gabarit que par ses six cents chansons, et il lui arrive de parler de lui à la troisième personne. Mais il est plus facile d’entrer dans sa loge qu’au Saint-Siège. Dimanche soir avant son concert à Paris, l’auteur de l’hymne des JO de Rio et des sambas de Vila Isabel et Imperio Serrano m’accueille en dévorant des tranches de saucisson par paquets de cinq. Rencontre avec un ogre gentil.
Arlindo, c’est ton premier show à Paris. Tu n’étais jamais venu avant aujourd’hui ?
En effet, c’est la première fois que je viens à Paris, alors que c’est la première ville je crois à laquelle Sombrinha et moi avons rendu hommage. C’était dans la chanson ‘O show tem que continuar », dont les paroles disaient : (il chante)
Nós iremos até Paris (On va aller à Paris) – Arrasar no Olímpia (Pour tout casser à l’Olympia) – O show tem que continuar (Le spectacle doit continuer)
Bon je ne fais pas l’Olympia, mais je suis ici au Brasil Tropical Montparnasse. Et je vais enfin découvrir Paris, la ville lumière, la ville de tant de culture, que je me désespérais de connaître pour de bon, après avoir vu tant de films et lu tant de livres. Je commence la visite demain !
Cette tournée s’appelle « Avec la bénédiction des dieux ». Mais de quels dieux s’agit-il ?
Je fais référence à tous les dieux. Les miens auxquels je crois, les dieux du candomblé, les orixas, mais aussi les dieux de toutes les religions. Je crois que toutes les religions sont valables, à partir du moment où elles encouragent les gens à faire le Bien, à aider leurs prochains, à rendre pour ce que nous recevons, à partager ce que nous possédons avec qui a besoin. Ce Bien est commun à toutes les religions, je pense.
Arlindo, ton album de 2011 s’appelait Batuques e Romances (Rythmiques et Romances). Des chansons sur la favela, sur l’amour et sur les problèmes sociaux. Tu te définis toujours comme un musicien romantique ?
Oui, je le crois, et tous les sambistes le sont aussi. La fonction de la samba, c’est de prendre les éléments, les histoires, les personnages du peuple, pour les transformer en chansons populaires. Tous les sambistes, depuis Noel Rosa, sont des chroniqueurs, et c’est ce qui fait la magie du samba, du partido alto, du batuque. Mais tous parlent aussi beaucoup d’amour, qui est le sens de la vie. A commencer par le plus grand des batuqueiros romantiques : Martinho da Vila.
Ton nouvel album et DVD s’appelle cette fois «Batuques de meu lugar » – les Rythmes de chez moi». Quel est cet endroit… et quels sont ses rythmes ?
Ce disque constitue en fait la suite de Batuques et Romances, associée au morceau qui représente le partage des eaux de ma carrière : o Meu Lugar – Madureira, donc. L’essence de ce disque est un concentré de l’œuvre d’Arlindo Cruz (sic) au cours de ses trente et quelques années de carrière. Ce que j’ai appris avec Candeia. Le maracatu, le jongo, l’afoxé, le maculélé, samba de roda, enfin tous ces rythmes des quatre coins du Brésil qui ont pris racine à Rio. Les chansons de voyou du partido alto, la samba duro, la samba de rola, la capoeira, la bossa nova, et les sons du morro, le hip hop,…
Tout ce qui sonne à Rio s’est développé chez moi, à Madureira, là où Arlindo Cruz (sic) s’est construit à force de rodas de samba.
Arlindo reprend quelques tranches de jambon. Le staff s’impatiente. Dans une heure le sambiste sera sur scène pour un concert qui sera malheureusement gâché par l’effroyable acoustique du Brasil Tropical.
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Ami musicien tu trouveras ici la grille et les paroles de la chanson O show tem que continuar, d’Arlindo Cruz et Sombrinha :
http://www.cifras.com.br/cifra/fundo-de-quintal/o-show-tem-que-continuar/
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