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BossaNovaBrasil | 23 novembre 2024

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Wilson Simonal, le maître à chanter



Le Festival du Cinéma Brésilien de Paris , toujours en cours, m’a remis en tête le documentaire sur Wilson Simonal sorti voici quelques années au Brésil : Ninguém sabe o duro que dei. Vous pouvez le voir cette semaine au Nouveau Latina. Il démontre en particulier deux grands talents de cet artiste disparu en 2000 : le swing et l’autorité sur le public. Retrouvons-le d’abord aux côtés d’Elis Regina.

Le film passe évidemment beaucoup de temps à tenter de démêler le vrai du faux dans l’ » affaire » Simonal – le chanteur aurait dénoncé quelqu’un à la police de la dictature, sans forcément réfléchir aux conséquences de son geste. Les années passent, la polémique demeure. Mais c’est sur les aspects musicaux que le documentaire se montre le plus intéressant, avec pas mal de bons moments et quelques analyses pointues.

Quand Wilson Simonal commence à percer vers la fin de 1963, le Brésil chuchote encore aux sons suaves de la bossa nova. Sauf que lui, noir issu d’une famille modeste, n’a rien d’un disciple de João Gilberto. Il swingue, il chante fort, il se déguise, et sa présence scénique est phénoménale. En place d’harmonies compliquées, trois ou quatre bons vieux accords font l’affaire. Il vit entouré de belles blondes. Place au yé-yé brésilien et au « Pilantragem ».

Le voici en 1966 sur scène avec Elis Regina au cours du show télévisé fameux « O Fino da Bossa » sur TV Record. Ils chantent ensemble « Vem balançar » de Walter Santos et Tereza Souza, un morceau qui contient toute la philosophie de Wilson : danser, s’amuser, draguer, sans trop se poser de questions. Et ça balance, ça balance pas mal !

L’autre grande caractéristique de Simonal, c’est sa propension à faire chanter le public. Jusqu’à ne plus avoir besoin de chanter du tout, ce qui finit à force par développer chez lui un certain cynisme. Le voici dans Meu limao meu limoeiro lors d’un spectacle enregistré par TV Record. Il agit avec l’autorité d’un maître de chapelle et le talent d’un entertainer américain. Le large public (entièrement blanc, comme d’habitude à la télévision brésilienne de cette époque) se laisse mener avec un plaisir manifeste. La chanson commence pour de bon à 3 minutes du début de la vidéo. Une démonstration exceptionnelle.

Cette façon de faire participer le public a fait beaucoup d’émules au Brésil. Quelquefois même jusqu’à l’exagération ! Du même coup, les artistes brésiliens en concert à l’étranger apparaissent souvent en décalage avec des spectateurs qui sont incapables de chanter, ne serait-ce que par leur méconnaissance de la langue portugaise…

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