Oublier Paris, oublier le gris, oublier Sarkozy. Un autre monde est possible, et ça saute aux yeux quand on a la chance d’assister au concert de la star brésilienne Seu Jorge, comme nous vendredi dernier à Paris. La Cigale était blindée de monde, les drapeaux brésiliens s’affichaient partout. M’sieur Jorge était en grande forme, et sa chaleur humaine s’est avérée communicative.

En un peu moins de deux heures, Seu Jorge a offert un programme qui associait dix ans de tubes aux chansons de sa tournée mondiale avec le groupe Almaz – tous anciens musiciens de Nação Zumbie du regretté Chico Science. Un style éclectique, qui combine le rock au reggae, le funk au maracatu, le tout uni derrière une voix de basse qui a retrouvé sa souplesse. Le chanteur est au sommet de son art. Le guitar hero Lucio Maia déchire grave.

Errare Humanum Est de Jorge Ben comme apéritif, Christina, Carolina, Burghesinha, Cotidiana, Everybody Loves The Sunshine (de Roy Ayers)… que du bon, et même du très bon, avec un énorme Chica da Silva pendant lequel Seu Jorge l’ambianceur danse avec une appétissante spectatrice. Après la sortie du groupe sur une reprise de Mas que Nada de Jorge Benjor, et dans un tonnerre de rappels, Seu Jorge revient seul avec une guitare nylon (Godin) et entame Life on Mars, Rebel Rebel, Ziggy Stardust, d’autres, puis slamme une poésie urbaine avec un flow d’autant plus incroyable qu’il joue en même temps de sa guitare sans perdre un instant ni flow ni rythme – autre chose que de réciter de graves paroles sur des boucles enregistrées si vous voyez ce que je veux dire. Bref, génial.

Assez parlé, je vous propose de regarder – d’écouter – cette version reggae de Teve Razão particulièrement vibrante. L’image sautille un peu au début – mes voisins étaient du genre enthousiastes – mais ça se stabilise vite et le son n’est pas mal. D’autres morceaux du concert sont à l’écoute sur YT.