Lorsque nous évoquons l’histoire du Brésil, une question revient souvent : qui a réellement posé le pied en premier sur ces terres luxuriantes ? En parcourant le monde depuis des décennies, nous avons toujours été intéressés par ces moments charnières qui ont redessiné la carte du monde. La découverte du Brésil représente l’un de ces tournants majeurs de l’histoire des grandes explorations. Plongeons ensemble dans cette épopée qui a connecté deux mondes et dont les conséquences résonnent encore aujourd’hui dans un pays émergent dans la mondialisation.
Pedro Álvares Cabral et la découverte officielle du Brésil
Le 22 avril 1500 marque un tournant décisif dans l’histoire du continent sud-américain. Ce jour-là, Pedro Álvares Cabral, noble portugais de 33 ans, aperçoit une terre inconnue qu’il nomme d’abord « Monte Pascoal ». Commandant une imposante flotte de 13 navires et environ 1200 hommes, Cabral n’avait pourtant pas pour mission initiale de découvrir de nouvelles terres. Parti de Lisbonne le 9 mars 1500, il devait suivre la route des Indes ouverte par Vasco de Gama.
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L’expédition accoste dans une baie qu’il baptise « Cabrália », située dans l’actuel État de Bahia. Rapidement, Cabral revendique ce territoire pour le Portugal en le nommant « Terra da Vera Cruz » (Terre de la Vraie Croix). Le 26 avril, une première messe est célébrée par le père de Coimbra, un événement auquel assistent avec curiosité les populations indigènes Tupi. Quelques jours plus tard, le 1er mai, une imposante croix de 7 mètres est plantée, symbolisant officiellement la prise de possession portugaise.
La question de l’intentionnalité de cette découverte fait encore débat aujourd’hui. La version traditionnelle évoque un hasard : Cabral aurait été dévié de sa route initiale en s’éloignant des côtes africaines pour éviter les vents contraires. Pourtant, plusieurs historiens portugais et brésiliens contestent cette version accidentelle. Ils suggèrent que Cabral savait pertinemment qu’un continent ou une île se trouvait dans cette région et qu’il le recherchait délibérément.
Certaines théories vont plus loin, avançant qu’un autre Portugais, le cosmographe Duarte Pacheco Pereira, aurait peut-être atteint les côtes brésiliennes dès novembre 1498 lors d’une mission confidentielle. Ces hypothèses alimentent encore aujourd’hui les discussions passionnées entre historiens lors de nos visites dans les musées de Rio et São Paulo.
Date | Événement |
---|---|
9 mars 1500 | Départ de la flotte de Cabral de Lisbonne |
22 avril 1500 | Premier contact visuel avec les côtes brésiliennes |
26 avril 1500 | Première messe célébrée sur le sol brésilien |
1er mai 1500 | Installation de la croix de revendication |
2 mai 1500 | Départ de la flotte pour poursuivre vers les Indes |
Le contexte historique et les premiers contacts avec les indigènes
Pour comprendre pleinement cette découverte, il faut la replacer dans son contexte géopolitique. La découverte du Brésil intervient peu après le traité de Tordesillas (7 juin 1494) qui partageait littéralement le monde entre le Portugal et l’Espagne. Ce traité, négocié sous l’égide du pape Alexandre VI, établissait une ligne de démarcation située à environ 1800 km à l’ouest des îles du Cap-Vert. Tout territoire découvert à l’est de cette ligne revenait au Portugal, tandis que l’ouest était réservé à l’Espagne. Par un heureux hasard – ou un calcul délibéré – le Brésil se trouvait du côté portugais de cette ligne.
Les premiers contacts avec les populations locales sont documentés avec précision grâce à la lettre du secrétaire de bord, Pero Vaz de Caminha. Les Portugais rencontrent des indigènes Tupi, principalement de l’ethnie Tupiniquin. Ces rencontres initiales sont marquées par une curiosité mutuelle. Les récits rapportent que les indigènes identifient l’argent et l’or, indiquant aux Portugais que ces métaux existaient dans la région – information qui ne manque pas d’attiser la convoitise des explorateurs.
À l’époque de cette découverte, trois principales nations indigènes occupaient le territoire brésilien :
- Les Tupiniquin, qui se sont partiellement alliés aux Portugais
- Les Tupinamba, occupant une large partie du littoral
- Les Aymoré, présents dans les régions plus intérieures

Après avoir envoyé un navire commandé par Gaspar de Lemos vers le Portugal pour annoncer sa découverte, Cabral poursuit sa route vers les Indes comme prévu. Son voyage s’avère particulièrement périlleux : quatre navires sont perdus lors d’une violente tempête dans l’Atlantique Sud. Arrivé à Calicut, l’expédition établit un comptoir qui sera tragiquement attaqué, causant la mort de 50 Portugais. En représailles, la flotte portugaise bombarde la ville pendant deux jours, démontrant la puissance militaire qui caractérisera la colonisation à venir.
Cabral rentre finalement à Lisbonne le 21 juillet 1501, avec seulement 6 navires sur les 13 initiaux et ayant perdu les deux tiers de ses hommes. Malgré ces pertes considérables, il rapporte une découverte qui transformera à jamais la destinée du Portugal et celle de ce pays aujourd’hui considéré comme émergent dans la mondialisation.
De la colonisation aux débats contemporains

Le nom « Brésil » que nous utilisons aujourd’hui ne fut pas celui choisi initialement par Cabral. Il dérive du pau-brasil (bois-brésil), un bois précieux aux propriétés tinctoriales de couleur rouge que les indigènes avaient offert aux Portugais. Ce bois deviendra d’ailleurs la première ressource exploitée commercialement, marquant le début d’une longue histoire d’extraction des ressources naturelles qui caractérise encore l’économie brésilienne actuelle.
Les colons portugais commencent à s’installer quelques années après le voyage de Cabral. L’économie coloniale s’organise d’abord autour de l’exploitation du bois-brésil, avant de se tourner vers la culture de la canne à sucre qui nécessitera l’importation massive d’esclaves africains. En 1554, la ville de São Paulo est fondée par le jésuite Manuel da Nóbrega, posant les bases de ce qui deviendra plus tard la plus grande métropole d’Amérique du Sud.
La commémoration des 500 ans de la découverte du Brésil en 2000 a ravivé de nombreux débats. Une vision eurocentrée qui fait commencer l’histoire du pays avec l’arrivée des Européens est désormais largement contestée. Il est aujourd’hui reconnu que 1500 marque aussi le début d’une période sombre pour les populations indigènes : extermination partielle, esclavage et choc bactériologique ont décimé des populations entières.
En voyageant à travers ce magnifique pays, nous avons souvent observé comment cette histoire complexe continue de façonner l’identité brésilienne contemporaine. Des plages de Copacabana aux profondeurs de l’Amazonie, la rencontre entre le monde européen et les civilisations amérindiennes reste visible dans chaque aspect de la culture brésilienne – sa musique, sa cuisine, ses traditions et même dans la physionomie de sa population.