Lors de nos nombreux voyages à travers le monde, nous avons eu l’occasion de découvrir des pays aux réalités économiques très différentes. Le Brésil, cette nation fascinante que nous avons parcourue du nord au sud, présente une situation particulièrement intéressante. Entre ses métropoles ultramodernes et ses régions rurales plus traditionnelles, ce géant sud-américain soulève une question fondamentale : peut-on véritablement le considérer comme un pays développé ? Après avoir analysé ses favelas et ses quartiers d’affaires, discuté avec ses habitants et observé son évolution au fil de nos séjours, nous vous proposons une analyse approfondie de la position du Brésil dans l’économie mondiale.
Le Brésil dans l’économie mondiale : entre émergence et développement
Cinquième pays du monde par sa superficie et sa population, le Brésil occupe une position singulière sur l’échiquier économique mondial. Avec ses 8,5 millions de km² et plus de 200 millions d’habitants, ce géant sud-américain s’est hissé au rang de 8ème puissance économique mondiale. Le pays fait partie des économies émergentes les plus importantes, regroupées sous l’acronyme BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).
Depuis les années 2000, nous avons assisté à un véritable boom économique brésilien, particulièrement marqué à partir de 2002. Son PIB atteignait environ 2 100 milliards de dollars en 2010, rivalisant presque avec celui de la France à cette époque. Pourtant, en examinant le PIB par habitant, l’image change considérablement : avec approximativement 12 000 dollars annuels par personne (contre 44 000 en France), le Brésil se classe au 76ème rang mondial. Cette différence significative révèle la nature d’un pays émergent dans la mondialisation, encore en transition vers le statut de pays pleinement développé.
Les prévisions économiques récentes montrent un certain essoufflement : après une croissance de 3,4% en 2024, celle-ci devrait ralentir à 2% en 2025. La dette publique constitue également un sujet d’inquiétude, atteignant 87,6% du PIB en 2024 avec une projection à 92% pour fin 2025. Face à cette situation, la Banque centrale brésilienne a entamé un cycle de resserrement monétaire agressif, portant son taux directeur à 14,75% en mai 2025.
Indicateur | Brésil | Pays développés (moyenne) |
---|---|---|
PIB par habitant | 12 000 $ | 40 000 $ et plus |
IDH | 0,813 (75ème rang) | 0,900 et plus |
Taux d’analphabétisme | 10% | Moins de 1% |
Mortalité infantile | 21,17‰ | 3-5‰ |
Une économie diversifiée aux forces considérables
Au cours de nos explorations des différentes régions brésiliennes, nous avons pu constater l’impressionnante diversification de son économie. Le Brésil n’est pas seulement une puissance agricole majeure, mais également un acteur industriel important et un pays où le secteur tertiaire se développe rapidement. Cette diversification représente l’une des caractéristiques essentielles d’une économie en voie de développement avancé.

Sur le plan agricole, le pays s’impose comme la 4ème puissance mondiale. Nous avons traversé d’immenses plantations qui font du Brésil le premier producteur mondial de café, de canne à sucre et d’oranges, ainsi que le deuxième producteur de poulets et de soja. Cette puissance agricole se traduit par une position de 3ème exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires. L’industrie brésilienne n’est pas en reste, avec une forte présence dans la métallurgie (2ème exportateur mondial de fer), l’aluminium et le secteur pétrolier.
Le secteur des services domine désormais l’économie brésilienne, représentant plus de 63% du PIB et employant 77% de la population active. Des entreprises comme Embraer, 4ème avionneur mondial, symbolisent la montée en gamme de l’industrie brésilienne et sa capacité à s’imposer sur des marchés à haute valeur ajoutée. L’économie brésilienne se distingue également par son mix énergétique favorable, avec 46% d’énergies renouvelables (contre seulement 14% dans les pays de l’OCDE) et 80% de sa production électrique provenant de l’énergie hydraulique.
L’utilisation du real brésilien comme monnaie nationale constitue un élément important de la souveraineté économique du pays. Cette monnaie, bien qu’elle connaisse parfois des fluctuations importantes, participe à l’indépendance économique du Brésil. Lors de nos voyages, nous avons remarqué que la gestion du real et des systèmes de paiement s’est considérablement modernisée ces dernières années.
Voici les atouts majeurs de l’économie brésilienne :
- Un marché intérieur de plus de 200 millions d’habitants
- Des ressources naturelles abondantes et diversifiées
- Une agriculture compétitive à l’échelle mondiale
- Un secteur industriel en développement
- Une transition énergétique avancée avec prédominance des énergies renouvelables

Les défis persistants d’un développement inégal
Malgré ses avancées remarquables, le Brésil reste confronté à d’importants défis sociaux et environnementaux qui freinent son accession au statut de pays pleinement développé. Lors de nos visites dans différentes régions du pays, nous avons été frappés par les contrastes saisissants entre richesse et pauvreté, particulièrement visibles dans les grandes métropoles comme Rio de Janeiro ou São Paulo.
Les inégalités sociales figurent parmi les plus élevées au monde, bien qu’elles aient diminué ces dernières années. Les favelas, ces bidonvilles construits avec des matériaux de récupération que nous avons pu observer en périphérie des grandes villes, abritent encore une part importante de la population urbaine défavorisée. L’analphabétisme touche environ 10% des Brésiliens, et la mortalité infantile (21,17‰) demeure bien supérieure à celle des nations développées comme la France (3,60‰).
L’Indice de Développement Humain (IDH) du Brésil s’élève à 0,813, le plaçant au 75ème rang mondial. Ce score, bien qu’en progression, indique un développement humain moyen encore éloigné des standards des pays les plus avancés. Les disparités régionales sont également très marquées : lors de nos voyages entre le Sudeste développé et les régions plus pauvres du Nord-Est, nous avons constaté des écarts de développement considérables.
Sur le plan environnemental, la déforestation en Amazonie reste un enjeu majeur. En 2017-2018, elle a atteint son plus haut niveau en 10 ans avec 7 900 km² de forêt perdus. En 2019, plus de 93 000 feux ont été recensés dans la portion brésilienne de l’Amazonie. Le pays est également un des plus le plus grands consommateur mondial de pesticides, avec 800 000 tonnes utilisées lors de la dernière récolte. Les événements climatiques extrêmes, comme les inondations et sécheresses record de 2024, représentent désormais une perturbation économique majeure.
Le taux d’investissement brésilien (17% du PIB) demeure inférieur à la moyenne des économies émergentes (23%), ce qui limite la modernisation des infrastructures et le développement technologique nécessaires pour rejoindre pleinement le club des pays développés.