Nous avons toujours été intrigués par les surnoms donnés aux habitants des grandes villes du monde. Lors de nos nombreux voyages à travers l’Amérique du Sud, nous avons découvert que les habitants de Rio de Janeiro portent un nom bien particulier qui reflète toute leur identité et leur culture. Les résidents de la merveilleuse cité brésilienne sont appelés les Cariocas, un terme chargé d’histoire et de signification qui va bien au-delà d’une simple dénomination géographique.
L’origine du terme carioca et son étymologie
Le mot “Carioca” possède des racines profondes dans l’histoire brésilienne. Lors de nos conversations avec les locaux, nous avons appris que ce terme provient de la langue tupi, parlée par les peuples indigènes qui occupaient la région avant l’arrivée des colons portugais. L’étymologie exacte du terme fait l’objet de plusieurs théories qui témoignent de la richesse culturelle de cette mégapole sud-américaine.
La première hypothèse suggère que “Carioca” viendrait de la combinaison des mots “kari” (homme blanc) et “oka” (maison), signifiant littéralement “la maison de l’homme blanc”. Cette interprétation fait référence aux premières installations des Portugais dans la région. Une autre théorie propose que le terme dériverait d'”akari”, désignant une espèce de poisson à grandes écailles, et “oka”. Cette association serait née car les armures des conquistadors portugais rappelaient les écailles brillantes de ces poissons locaux. Enfin, certains linguistes pensent que le mot pourrait être issu de “carijó” (nom d’une tribu indienne locale) et “oka”.
Initialement, ce nom fut attribué à la plus grande rivière de la région avant de s’étendre progressivement aux habitants de la ville elle-même. Aujourd’hui, être Carioca représente bien plus qu’une simple indication géographique – c’est une identité culturelle complète et un mode de vie distinctif.
| Origine possible | Signification |
|---|---|
| Kari + Oka | La maison de l’homme blanc |
| Akari + Oka | Référence aux écailles de poisson similaires aux armures portugaises |
| Carijó + Oka | En lien avec la tribu indienne locale |
Les cariocas et leur orgueil : entre identité et rivalités
Au fil de nos séjours à Rio, nous avons constaté que les Cariocas manifestent une fierté remarquable envers leur identité. Les habitants authentiques de Rio se désignent souvent comme “cariocas da gema” (littéralement “du jaune de l’œuf”), expression qui pourrait se traduire par “pur jus” ou “pur sang”. Cette formule témoigne de leur attachement profond à leur ville et à leur culture distinctive.
Cette fierté s’accompagne d’un certain chauvinisme, particulièrement visible dans leurs relations avec les Paulistes (habitants de São Paulo) avec qui une rivalité historique existe. Mais c’est surtout vis-à-vis des Fluminenses, qui désignent les habitants du reste de l’État de Rio de Janeiro en dehors de la capitale, que ce sentiment s’exprime le plus fortement. La distinction entre Cariocas et Fluminenses est fondamentale dans le contexte socio-culturel brésilien. Les premiers considèrent souvent les seconds comme des provinciaux ou, plus familièrement, des “ploucs”.
Nous avons pu observer que les autres Brésiliens reconnaissent généralement les Cariocas pour leur bonne humeur contagieuse, leur convivialité naturelle et leur sens inné de la fête. Le Carnaval de Rio, que nous avons eu la chance de vivre à plusieurs reprises, illustre parfaitement ces traits de caractère qui font la réputation internationale des habitants de cette ville extraordinaire.
- Attachement profond à leur identité locale
- Rivalité historique avec les Paulistes
- Distinction marquée avec les Fluminenses
- Réputation de joie de vivre et d’hédonisme
- Fierté d’habiter “la plus belle ville du monde”
Le vrai visage des cariocas : entre clichés et réalités sociales
Derrière l’image de carte postale souvent associée aux Cariocas se cache une réalité sociale complexe. Rio de Janeiro est une ville de contrastes saisissants, que nous avons pu observer lors de nos nombreuses visites. Les inégalités socio-spatiales y sont particulièrement marquées, créant une mosaïque urbaine unique mais profondément divisée.
En 2003, Rio comptait environ 10 millions d’habitants, dont 2,5 millions vivaient dans des bidonvilles. Aujourd’hui, l’aire urbaine a atteint près de 13 millions d’habitants, avec approximativement 22% de la population résidant dans des favelas. Un exemple frappant de cette juxtaposition sociale est Rocinha, particulièrement le plus grand bidonville de Rio qui se trouve paradoxalement à proximité immédiate des quartiers huppés de Leblon et Ipanema.
Cette croissance démographique rapide s’explique principalement par l’exode rural qui a débuté il y a une cinquantaine d’années. Des millions de Brésiliens ont quitté les campagnes pour tenter leur chance dans la grande métropole, contribuant à l’expansion des favelas. Pour tenter d’améliorer cette situation, des initiatives comme l’installation de télécabines en 2011 ont permis de désenclaver certaines favelas, les reliant au reste de la ville en seulement 15 minutes.
Nous avons pu constater que ces quartiers défavorisés ont également donné naissance à des mouvements culturels vibrants comme la Samba et le Funk carioca, démontrant la résilience et la créativité des Cariocas face à l’adversité sociale. Cette dualité entre splendeur naturelle et défis sociaux définit l’identité profonde de Rio et de ses habitants.
