Le brésilien Tom Zé est un musicien beaucoup plus sérieux que l’on pourrait croire en considérant son look et ses excentricités. Né en 1936, il a étudié très sérieusement la musique classique à l’Université de Salvador, fut membre fondateur du groupe des compositeurs de Bahia, participa à l’orchestre symphonique de l’UFBA. Professeur d’harmonie et de contrepoint, violoncelliste et compositeur classique : pas exactement un profil de fantaisiste.

Mais en 1964, Tom Zé rencontre d’autres bahianais, et non des moindres : Gilberto Gil, Gal Costa, Caetano Veloso et sa soeur Maria Bethânia. Et ils font un show ensemble : « Nova bossa velha, velha bossa nova »… tout un programme. Il devient l’intellectuel de la bande… pas forcément celui qui remplit les salles et fait danser la jeunesse. Dans les décennies qui suivent, il continue de créer, sans rencontrer un vrai succès personnel, dans l’ombre des géants de la MPB qu’il a contribué à faire surgir.

Heureusement pour lui – et pour nous – un jour de 1990, un bon ange portant le masque des Talking Heads vient le chercher : sous le label et l’aile de David Byrne, producteur du label Luaka Bop, Tom Zé effectue un retour en force. En 2008, pour le cinquantenaire de l’arrivée de la bossa nova, il enregistre l’album « Estudando a bossa » qui doit figurer dans la discothèque de tout amateur du genre. Toutes ses qualités de musicologue y trouvent à s’exprimer, et chaque morceau est un bijou d’analyse – et d’amour de la bossa nova. Ecoutez plutôt ce « Syncope Joãobim » à la gloire des deux inventeurs de la bossa, João Gilberto et Tom Jobim – un superbe duo avec la chanteuse Andréia Dia. Zébilatoire !

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